1908 - Le Docteur Lerne, sous-Dieu

1908
Le Docteur Lerne, sous-Dieu
Roman de Maurice RENARD


Un château mystérieux perdu dans un labyrinthe, un vieux savant qui se livre à d’inquiétants travaux, une serre où se déroulent des scènes étranges : Maurice Renard parvient à créer un climat semblable à celui, irrespirable, de l’île du docteur Moreau. Quatre ans avant les premières cultures de tissus réalisées par Alexis Carrel en 1912, Maurice Renard joue en virtuose des greffes d’organes et invente des êtres fabuleux et criminels, mi-animaux mi-plantes. Ce mythe de la conservation et de la transplantation d’organes vivants — voire de tentatives de réanimation de corps morts ou d’expériences post-mortem — suscitera de nombreux prolongements dans la littérature fantastique et même le roman policier. Contentons-nous de citer parmi les œuvres les plus représentatives : Locus solus, de Raymond Roussel (1914) ; Le Meilleur des mondes, d’Aldous Huxley (1932) ; À la poursuite des Slans de A.E. Van Vogt (1940) ; Malpertuis, de Jean Ray (1943) ; L’Île sous Cloche de Xavier Langlais (1946) ; Celui qui chuchotait dans les ténèbres (dans « La couleur tombée du ciel », 1954) et Herbert West, réanimateur (dans « Dagon », 1969) deux des nouvelles les plus hallucinantes que Lovecraft aient écrites.


Issu de la bourgeoisie, c'est la rencontre avec H.G. Wells et Edgar Poe qui pousse Maurice Renard à se lancer dans la littérature. Il publiera peu de livres mais d'une constante qualité. Le docteur Lerne, sous-dieu paraît en 1908. Il y développe le thème du savant fou traité par Wells dans L'île du docteur Moreau.


Le fait que le narrateur lui-même soit l'objet de l'expérience de greffe favorise l'empathie et l'anxiété du lecteur face à ce nouveau monstre qu'est le docteur Lerne, digne successeur du baron Frankenstein.
Réédité régulièrement (Mercure, Marabout, Belfond, Tallandier), Maurice Renard est l'un des plus grands maîtres français du fantastique et de la science fiction, salué par le public, comme par André Breton.


La peur qui sourd de ses oeuvres reste la nôtre car l'heure des apprentis sorciers, bien loin de reculer, est toujours à venir. L'atmosphère terrifiante s'installe progressivement et ne nous lâche plus. Tout en restant proche de la réalité, Maurice Renard parvient à faire croire à son lecteur qu'une telle aventure pourrait lui arriver ; lui-même a d'ailleurs qualifié son travail de «merveilleux scientifique».
Nous entrons dans un monde où les manipulations génétiques haussent le docteur Lerne au rang de dieu, de sous-dieu étant plus exact, et pour reprendre J.B. Baronian «le symbole pathétique de l'homme en proie au désir de se substituer à Dieu, farouchement hanté par le démon de la création.» qui conclue ainsi : «Lu trop souvent au premier degré, Maurice Renard mérite plus que de l'attention : une revalorisation complète. Son imaginaire (...) renvoie toujours à l'essentiel.»


"Merveilleux-scientifique chapitre 1", avec Fleur Hopkins / @LEchoVaporisteskye


br />

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

1967 - Les Montagnes blanches

1979 - Le trou Noir

1978 - Les Titans